Après une interview avec la comédienne Juliette Aver ,
j’ ai eu la chance de
discuter avec son mari, le réalisateur Nicolas Bary.
Bonjour Nicolas ,
– Quelle école de cinéma as tu fait, à quel âge et où ?
Après le baccalauréat, je suis allé à l’ESRA à Paris où
j’y ai étudié quelque temps.
J’étais très concentré,motivé,
prenant des notes et me souvenant de tout,
pour la première fois, ayant été longtemps plutôt dans la case « cancre » !
Assez vite, j’ai commencé à travailler sur des plateaux,
ce qui ne m’a pas permis de poursuivre le cursus scolaire.
J’aimais vraiment pouvoir aller sur le terrain et être dans le concret
des tournages.
– Tu as donc très vite travaillé pour des réalisateurs ?
Oui, j’avais envie d’en découdre !
Pendant le lycée, j’avais déjà fait des courts métrages avec
mes amis et cousins en parallèle des cours.
Ce qui m’a permis de savoir que j’avais trouvé ma voie.
Mais je sentais que travailler sur les films des autres à tous les postes
nourrissait mon apprentissage de la réalisation.
Dès la première année dans l’école de cinéma, j’ai donc trouvé un stage sur
d’Olivier Dahan en 2000.
Qu’est ce que cela t’a apporté?
Énormément de choses…
J’ai appris à charger les caméras en 35mm,
à m’occuper des retours vidéos,
à décrypter le travail de la scripte,
j’ai pu observer tous les postes du plateau, l’approche du travail
avec les enfants, etc.
– Est-ce que cela ne t’a pas empêché de te créer ton propre univers, être libre dans ton travail?
Mais est-on vraiment libre dans notre travail ?
Ce qui est sûr c’est que j’ai appris à travailler dans pleins
de typologies de films différentes :
des petits et gros budgets, en allant de
DaVinci Code, BlueBerry de Jan Counen,
ou encore Mes Enfants ne sont pas comme les autres de Denis Dercourt.
J’ai donc acquis une certaine liberté en me familiarisant avec le terrain
et en rencontrant pleins d’acteurs et techniciens qui pouvaient
potentiellement m’accompagner sur mes propres aventures.
J’ai toujours eu un côté entrepreneur qui aime prendre des risques,
et ce dès mes débuts dans le cinéma.
J’aime que le talent des autres se développe sur un projet commun.
A l’époque, c’étaient d’ailleurs les prémices de ma carrière de producteur,
par mon envie d’accompagner d’autres réalisateurs sur leurs projets.
– Est ce que petit tu t’inventais des histoires ?
Oui, je me suis beaucoup raconté des histoires !
Notamment, avec les Enfants de Timpelbach, un livre que
j’ai adapté,lu à 9 ans.
Souvent, j’imaginais le village comme celui du livre sans parents,
certes un peu différent, mais j’aimais bien me projeter dedans.
J’ai toujours été baigné dans les univers de dessin animé,
de BD, de jeux vidéos, etc.
J’ai aussi fait beaucoup de jeux de rôles avec des amis
où nous étions assis autour d’une table, à jouer pendant des nuits entières.
J’étais souvent le narrateur de ces histoires.
J’aimais déjà mettre en scène en décrivant les situations et les personnages rencontrés.
– À l’époque, souhaitais-tu déjà
travailler dans le cinéma
ou un autre univers artistique ?
J’ai eu le déclic de faire du cinéma à l’âge de 16 ans.
J’avais déjà, par mes parents, grandi et baigné dans un univers artistique,
parce que je viens d’une famille de musiciens classique.
Mon père est violoncelliste et ma mère pianiste.
J’ai moi-même longtemps pratiqué plusieurs instruments,
comme le violon et la clarinette.
Très tôt, j’ai eu envie de faire du cinéma particulièrement quand j’ai découvert
les films
d‘aventure hollywoodiens de Spielberg .
– Dans quelle mesure la musique a t’elle influencé ton travail ?
La musique est fondatrice de mon approche des films,
Je fais toujours des recherches musicales avant même les dialogues
d’un scénario en écriture.
Dès les premières palpitations d’un projet que je développe,
la musique est déjà source d’ inspiration.
Elle m’apporte une approche rythmique dans la façon d’écrire le film,
une musicalité, dans l’ émotion, la sensation …
J’adore travailler avec des compositeurs J’ adore aussi réaliser des clips
pour des chanteurs ; j’aimerais d’ailleurs en faire plus…
– A ce propos, j’ai entendu la chanson
« Si on chantait » de Vianney pour le film
Le petit Spirou.
As-tu tout de suite pensé à lui ? Avez-vous travaillé ensemble ?
Oui, nous sommes amis avec Vianney .
Et il a beaucoup de talent.
J’ étais ravi de le retrouver.
Nous avions travaillé ensemble sur son clip de la chanson
« Pas là » qui a fait plus de 20 millions de vues !
J’ ai pensé à lui dès le départ car son univers était cohérent
avec celui du film.
Je lui ai fait lire le scénario, suite à quoi il a écrit la chanson
« Je m’en vais ».
Elle était magnifique mais nous cherchions quelque choses de plus dynamique
pour le générique de fin de film..
Donc, nous avons eu une autre idée qui a été de reprendre le titre
qui est la chanson que fait travailler l’Abbé Langelusse
(interprété par Philippe Katerine) aux enfants dans la chorale du film.
On s’est dit qu’on pouvait la reprendre en français avec la touche
et le style de Vianney.
– Tu touches à tout, t’intéresse à tout, publicité, court métrage, film, réalité virtuelle, …
est-ce quelque chose qui vous réunit toi et
ta femme Juliette Aver ?
Exact !
Notre côté suractif et curieux nous lie tout à fait.
Nous aimons tous les deux croquer cet univers si riche et varié
qui est autour de nous.
– Avec qui as-tu travaillé sur les décors
du Petit Spirou ? Et pourquoi ?
Le chef décorateur s’appelle Stéphane Rozenbaum.
Ce film est le premier sur lequel nous collaborons ensemble.
Son travail avec Gondry sur l’Écume des jours m’avait beaucoup plu.
C’est un des hommes les plus doux et généreux que je connaisse.
C’était une rencontre formidable.
J’ai aimé sa douceur d’âme et sa connexion à l’enfance.
Stéphane a une créativité pure, c’est quelqu’un de débrouillard,
travailleur, qui a une équipe formidable de gens compétents,
intéressés et bon esprit.
Il m’a apporté sa famille cinéma de la décoration.
Stéphane aime le côté « bricolage » et « assemblage » qui allait avec l’univers.
On s’est tout de suite connecté et compris pour faire l’univers du Petit Spirou,
contemporaine et en même temps intemporel,
avec des touches vintages et actuelles à la fois. C’était une évidence.
– Comment as-tu choisi le mobilier et
la bagagerie Leçons de Choses et pourquoi ?
C’est la chef costumière du film Agnès Béziers qui m’en a parlé.
Leçons de Choses correspondait parfaitement à l’univers du film,
c’était très cohérent : le côté rétro de la planche qui existe depuis longtemps
et en même temps modernisée dans les couleurs, les teintes
et l’utilité fonctionnelle de l’étagère.
Ce concept est tellement Petit Spirou style!
On retrouve en effet des idées similaires dans la salle de bain
par exemple de la maison Spirou où les placards sont de vieilles valises
accrochées au mur, transformées en rangements.
– Dans ton salon, tu as l’étagère skate-board Leçons de Choses…
Est-ce que tu as fait du skate dans ton enfance ou adolescence ?
J’étais plus rollers que skate.
Par contre, à la montagne, je fais du snowboard depuis longtemps.
Donc le déplacement latéral en crabe me connaît bien, mais plutôt sur de la neige !
Je respecte énormément les skateurs qui maîtrise cela.
Et le concept d’accrocher la planche de skate Leçons de Choses
au mur est une idée géniale.
Elle a tout naturellement pris sa place chez moi.
Elle soutient d’ailleurs une magnifique petite paire
de Veja collection édition spéciale Le Petit Spirou rouge,
quatres romans que j’adore d’une romancière islandaise Audur Ava Olafsdottir
(l’Islande, pays qui me passionne avec Juliette!
Nous y avons fait notre voyage de noces et je recommande vivement ce pays à
tout le monde) et enfin un petit scaphandre rapporté de l’Ile de Maurice,
qui représente ma passion pour la plongée et l’aventure sous-marine .
D’ailleurs mon prochain projet de film, Polaris, qui va être une série
futuriste franco-canadienne en réalité virtuelle ,
se passe complètement sous l’eau.
– Tu as tourné à plusieurs reprises
avec des enfants ? Pourquoi ?
Ah bon ? Pourtant je déteste les enfants ! (rires)
Oui cela a vraiment été une première étape de mon projet cinématographique
de s’inscrire dans l’univers de l’enfance . J’ai appris énormément
en direction d’acteurs avec eux, en justesse, simplicité, patience et précision.
Néanmoins, pour mes prochains projets , je me tourne davantage
vers des univers plus sombres pour adultes et plus profonds.
(mais comme dirait mon ami Philippe Jaenada, romancier :
« si tu vas vers le sombre, n’oublie pas d’y chercher le lumineux,
et vers le profond, n’oublie pas de regarder la surface ».)
– Restes-tu en contact avec eux à la fin des tournages ?
Oui avec certains.
Certains comme Adèle Exarchopoulos ou Léo Paget ont continué
leur carrière d’acteurs.
J’ai par exemple beaucoup de plaisir à aller voir
Léo au théâtre dans Le Limier et le voir murir.
– Quel conseil donnerais-tu à un enfant créatif et à leurs parents ?
De ne pas se mettre trop de pression trop tôt.
Je pense que quand la créativité en nous doit s’exprimer, elle trouve son chemin.
Et ce n’est pas en forçant les choses qu’elle arrivera.
Personnellement, j’ai banni de mon vocabulaire les mots « il faut / je dois »
que j’ai remplacé par « je souhaite », afin de laisser le talent se développer
par lui-même .
Merci beaucoup!!
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